Quatorze ans après
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Cela faisait quatorze ans que je n’étais pas retourné au Togo. Le pays de mon père devait être l’une des étapes importantes de notre voyage, celle où je devais passer la barre aussi bien fatidique que phatique des 30 ans. Les jours précédents notre arrivée, je m’interroge sur l’état du pays. Sera-t-il aussi dynamique que le Rwanda ou aussi déprimant que la Guinée? Cette question vient à m’obséder et j’attends ce retour avec impatience.
A notre sortie de l’avion, ma première surprise est de voir qu’une navette climatisée fait désormais la liaison jusqu’au hall d’immigration. Enfant, ces 100 mètres sur le tarmac représentaient l’Arrivée à Lomé : chaleur, humidité, sueur, T-shirt qui colle, bruit des moteurs, hommes en uniforme, regards curieux, fatigue… et une folle envie de reprendre l’avion dans le sens inverse.
Maintenant, tout le monde saute dans la navette, pas le temps de réaliser où l’on est… et à peine parti, on est déjà arrivé.
Dans le hall d’immigration rien ne semble avoir trop changé.
Une fois les tampons apposés, nous retrouvons mon père, récupérons nos bagages et prenons la route pour Avepozo, une banlieue à l’ouest de Lomé, où se trouve notre maison familiale. « Lomé by night » est assez plaisant. Les quartiers par lesquels nous passons donnent l’impression d’être propres et vivants. Les feux tricolores ont l’air de fonctionner, peu ou pas de trous. Le boulevard le long de la mer a été refait: deux voies dans chaque sens, des lampadaires, pas de trous, pas de barrage routier et quelques bâtiments assez modernes. Nous sommes impressionnés, jusqu’à ce que nous arrivions au port. Là, le goudron s’interrompt pour laisser place à trous, boue et poussière. Mais cette déviation (temporaire) dans le quartier du Katanga n’est que de 3-4 kilomètres et une fois passée, la bonne route reprend et nous arrivons enfin à Avepozo, à la maison, à la Case Nègre.
Les jours suivant, nous restons feutrés à la Case Nègre. Pas besoin de trop sortir, il y a tout ce qu’il nous faut : nous mangeons beaucoup (le Togo a surement l’une des meilleures cuisines du continent), buvons bien et profitons du Wifi et de Canal Sat.
Autour de la maison, Avepozo a énormément changé. Lors de mon dernier voyage, ce n’était qu’une petite banlieue, peu développée et mal desservie. En dehors de la route principale reliant Lomé a Aného (du Ghana vers le Bénin), aucunes des routes secondaires passant dans Avepozo n’étaient goudronnées, à tel point qu’il nous arrivait de nous embourber pour nous rendre à la maison. Quoique la route ne soit toujours pas bitumée, Avepozo a énormément changé. On y trouve magasins, pharmacies, cyber cafés, boulangeries, boucheries, mécaniciens, églises (beaucoup d’églises qui hurlent leurs insanités à toutes heures de la journée et de la nuit), hôtels, restaurants etc. Le weekend, les plages sont prises d’assaut par locaux, expats et touristes. Plusieurs promenades dans Avepozo me font découvrir un autre monde. Alors que 14 ans plus tôt notre maison était l’une des plus imposantes du quartier, elle se fond désormais dans le décor – nos voisins ne se refusant aucune excentricité !
Plusieurs autres sorties nous emmènent à Lomé à une vingtaine de kilomètres. Nous visitons le centre-ville et son célèbre Grand Marché, ainsi que le musée international du Golfe de Guinée et ses quelques magnifiques pièces.
Ainsi va la Togo ! Pas trop d’euphorie mais pas la fin du monde non plus.